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“Parallèle fictif”, une exposition du collectif Tiers Visible

Une installation qui met en résonance le site archéologique de Mari et le chantier du Grand Paris au Bourget proposée par le Tiers Visible : Raphaël ChipaultGilles Gerbaud – Laurence Vidil, dans le cadre d’une résidence à La Capsule / Directeur Arnaud Lévénès.

Exposition présentée jusqu’au 3 septembre 2022
La Capsule, Centre Culturel André Malraux, 10 avenue Francis de Pressensé, Le Bourget
12mn du Châtelet par le RER B – Station Le Bourget et à 134 mètres de la sortie

Depuis la colline artificielle construite des gravats du sous-sol parisien, Le Bourget se laisse deviner dans l’horizon continu de la banlieue. C’est de là exactement, que nous descendons. Alors s’engage l’exploration de la ville, d’un carrefour du centre, des rues, des places, une dalle, un café au coin de la rue, les rencontres, et puis les entrailles du sous sol. Simultanément, apparaît en filigrane un imaginaire du passé, celui de Mari, cité Mésopotamienne de 5000 ans, une ville nouvelle. Dans la ville du Bourget en mutation, sur les trottoirs, les lignes fluorescentes des réseaux et les tracés fantômes crayeux s’entremêlent pour composer une mémoire fictive.

Glaner, tracer, enregistrer, se saisir de l’espace public comme d’un atelier à ciel ouvert. Des actions pour conjurer ce que le nom Tiers Visible pourrait évoquer, l’impossibilité de voir plus que ce que la ville choisit de nous montrer. A l’opposé, il faut entendre Le Tiers Visible comme une incantation à fouiller dans les replis parfois invisibles de ce qui est là pourtant, à faire laboratoire de la banalité de nos espaces quotidiens. Transformer une poubelle en outil de marquage, photographier à l’aveugle en rejouant les aléas de la photographie aérienne, enregistrer les sons témoins ou un chant inventé dans l’instant, relever les graffitis d’un fragment de mur pour composer une partition, cartographier les joints entre les pierres d’un pont ferroviaire, ou encore, faire le portrait du cafetier en figure votive. De cette suite d’immersions, il ne faut attendre ni expertise ni étude, seulement une invitation partagée autour de l’exploration et de la conversation avec une ville qui nous a accueillis le temps d’une résidence prolongée à La Capsule.

Comment s’est formé votre collectif ?

Croisant nos pratiques depuis 2012, nous avons choisi de nous constituer en collectif en 2017 afin de conduire ensemble et de confronter des recherches visuelles et sonores autour des signes de la rue, à Mexico, Rome, Paris ou à Marseille. 
C’est à partir de l’observation des usages les plus directs comme les plus inconscients de la vie de la rue que se forme notre imaginaire commun de l’espace urbain. C’est aussi la volonté de ne pas avoir un point de vue unique et d’échafauder plutôt une matière polyphonique : La prise de vue photographique avec plusieurs appareils permet de percevoir la diversité des choses et des corps de la rue et de superposer des visions singulières de la ville. Les enregistrements sonores et les repérages des signes urbains captent les traces de vie à travers les voix, les langages divers, les langues, les sonorités qui habitent les lieux. Les dessins empreintes ou lignes préfigurent de cartographies.
Ces expériences sensorielles et temporelles des espaces traversés, c’est aussi ce que nous tentons de partager lors des expositions avec les publics qui peuvent les percevoir de manière active.

Le tiers visible, c’est qui ?

Le collectif développe une démarche artistique qui associe l’image photographique, le son, la notation et le dessin, en résonance entre eux. Les projets s’ouvrent à chaque fois à d’autres collaborations artistiques. Raphaël Chipault, photographe d’objets d’art et d’architecture (Musée du Louvre, Paris-Musées, etc.) mène une recherche photographique autour de la question de l’objet et de ses permanences. Gilles Gerbaud interroge l’appréhension que nous avons des espaces et de leurs usages et intègre dans sa pratique ce dialogue par différentes collaborations. Laurence Vidil, mène une recherche autour des écritures, des images empreintes ainsi que de la voix et de l’enregistrement sonore, sous forme de notations ou de performances vocales.

Le catalogue

La publication présente une partie de notre recherche comme un voyage temporel et spatial, qui part d’en haut et qui survole la ville pour nous plonger dans ses entrailles. Nos explorations s’y déroulent et s’ancrent, au fil des chapitres, dans les lieux choisis, les actions instantanées, les inventions, les choses trouvées, toute trace de vie d’un temps présent. Elle témoigne aussi de notre temps d’immersion sur la ville. Nos rencontres des lieux et des gens qui vivent là et qui donnent vie à un quartier, autour d’un café au bout du monde, au croisement d’un carrefour central, sur une dalle où des ouvriers œuvrent à une réparation, près d’un jardin improbable cultivé par une personne invisible. Des traces toujours.

Nos rencontres avec ceux et celles qui nous ont expliqué plus spécifiquement ce que sont les chantiers de fouille ou de construction, et bien que gardiens des temps passé ou présent, nous parlaient toujours des sols, des terres, la terre qui parle comme le disait un archéologue de l’INRAP ou la terre qui ruisselle, à 48m de profondeur d’un chantier du Grand Paris. Sur le site de fouille de l’Égalité prolongée, comme sur le site du tunnelier, dans les entrailles de la ville. Et toujours sous le regard de lapis-lazuli d’Ebih-Il, l’intendant de Mari, ville nouvelle de l’Euphrate, d’il y a plus de 4500 ans.

Catalogue : 96 pages format 24 X 32 cm / 300 ex.
Textes de Sophie Cluzan, archéologue, conservateur du patrimoine et spécialiste du site de Mari, Le Tiers Visible et Françoise Paviot. 

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  • Site de Mari au moment de sa découverte, Fonds photographique Parrot, 1934

  • Le Bourget © Le Tiers Visible

  • Le Bourget © Le Tiers Visible

  • Le Bourget © Le Tiers Visible

  • Le Bourget © Le Tiers Visible