Confiants dans le pouvoir des images, Moritz Loewy et Pierre-Henri Puiseux dévoilent à nos yeux des documents d’une incomparable précision mais aussi des paysages à la matérialité fragile et incertaine.
Dans les territoires du grand Nord ou dans les régions les plus reculées du Soudan, Juliette Agnel, quant à elle, pratique une exploration de l’extrême. Pour passer d’un monde à l’autre, elle ne nous convie pas à défier héroïquement le seuil de l’inconnu, c’est dans l’immobilité de la contemplation que doit s’opérer le passage.
Que ce soit la troublante beauté des ciels étoilés ou la surface abstraite et étrange de la lune, les scientifiques et la photographe, à quelques dizaines d’années de lumière de distance, offrent au spectateur des vues irrationnelles, si proches et si lointaines. La révélation de l’inconnu qu’ils opèrent chacun à leur façon, transcende la réalité des lieux et se charge d’une symbolique mystique et cosmique.
Moins de soixante ans après l’apparition de la photographie, Moritz Loewy (1833-1907) et Pierre-Henri Puiseux (1855-1928), assistés de Charles Le Morvan, entreprennent une série de clichés de la Lune et de la surface lunaire. Leur œuvre, qui va durer pendant presque quatorze années, fera autorité jusqu’à ce que les sondes spatiales ne rendent le procédé obsolète dans les années 1960. Entre 1894 et 1909, les deux astronomes consacrent environ 500 soirées d’observations à la prise de plus de 6000 clichés de la Lune. Ces photographies avaient pour ambition de permettre une étude plus approfondie de la Lune, indépendante de toute erreur de perception ou de jugement, et de pouvoir ainsi constituer une carte générale de qualité supérieure en regard des reproductions dessinées et de l’observation directe.
Les meilleurs clichés réalisés au grand équatorial coudé ont fait l’objet de la publication de l’Atlas photographique de la Lune. Edité entre 1896 et 1910 par l’Observatoire de Paris et imprimé par l’Imprimerie nationale à Paris, il sera l’aboutissement des travaux de Loewy et Puiseux. Il comprend douze fascicules, planches (héliogravures de onze clichés et soixante et onze agrandissements) et textes (description des objets les plus remarquables, examen de leur nature et de leur origine). La plupart des reproductions photographiques par héliogravure ont été confiées à M.Fillon qui exerça successivement chez Heuse, Gaultier et Schutzenberger. L’Atlas et les clichés de la Lune seront dévoilés au public pour la première fois. Les agrandissements sur papier ornent la salle d’exposition du Ministère de l’instruction publique, lors de l’Exposition Universelle qui se tient à Paris en 1900.
Cette exposition est visible sur rendez-vous.